Rendez vous planétaire raté à Copenhague pour des engagements concrets de réduction des gaz à effets de serre, mais volonté commune de tout faire pour ne pas dépasser deux degrés.
Que faut-il penser de ce bilan pas très carbone ? Pendant combien de temps faudra-t-il que la planète se réchauffe encore, pour que les relations humaines soient à grande échelle plus chaleureuse ?
Pour moi l’essentiel se situe finalement surtout dans la très positive « volonté commune ». C’est ce que je veux retenir avant tout.
D’abord il y a grâce à ces mots encore de l’espoir puisque de nouvelles réunions sont prévues, mais il est désormais acquis que, pour nos chefs d’Etat, faire des choix qui concilient santé de la planète et marche de l’humanité relèvent de la quête du Graal. D’un casse-tête. Avec en plus un monde en crise, c’est clairement la quadrature du cercle. On est donc pas prêt !
S’il est inexorable que le réchauffement climatique conduise aux hypothèses que certains nous annoncent, et qu’il soit encore temps d’agir alors il n’y a que deux scenarii possibles. Soit après un Kyoto et un Copenhague décevants, un Mexico va réaliser les aspirations individuelles de tout un chacun, soit nous devons envisager les choses autrement car c’est un nouvel échec, et seules des aspirations collectives nous permettrons de bâtir autrement. Où pas.
Finalement, ça peut choquer, mais je crois que c’est le second scénario qui est le plus plausible. Certainement pas le plus simple, ni le plus douloureux. Je ne crois définitivement pas au sommet « baguette magique ». Ce qui me paraît donc essentiel, c’est de passer de l’individuellement-écologiquement-correct au collectivement-planétairement-réaliste. Mais sans se mettre une fois de plus une pression telle que l’objectif est d’entrée incompatible avec ce que nous sommes.
Comment nous habitants des pays riches avec toutes nos contradictions individualistes et consuméristes imaginions possible de régler en quelques jours avec une centaine d’autres pays nos soucis, histoire de se retrouver plus sereinement devant notre bûche ! Tout cela reflète finalement notre incapacité à nous intéresser vraiment à notre planète à la comprendre, à l’aimer. Car le temps de la planète n’est pas le temps des hommes. Et pour changer les choses durablement il faut du temps, même si les scientifiques nous disent qu’il y a urgence. Plus on la repousse, plus la décision sera difficile à prendre c’est sûr.
Pourquoi faut-il du temps ? Parce qu’au delà des énergies fossiles, notre manière de vivre d’aujourd’hui est le fruit de plusieurs millénaires de civilisation. C’est un monde économique qui s’est construit depuis la première communauté d’hommes, à l’époque ou n’existait pas encore les pays riches, les pays pauvres. Il ne s’agit donc pas d’un petit chantier, mais d’une remise en question profonde de tout ce qui nous a poussé, fait avancer, motivé depuis la nuit des temps. Améliorer notre habitat, manger à notre faim des aliments sains, dormir au sec, nous laver facilement, s’aménager un avenir le moins risqué possible pour soi et les siens…plus récemment avoir des loisirs etc.
Bien sûr aujourd’hui au quatre coins de la planète, les pays, les hommes ne sont pas arrivés à la même étape dans cette voie, dans cette construction liée à leur capacité d’organisation, de stabilité, de développement, de recherche etc. Nous qualifions certains de pays « en voie de développement ». Flatteur ! Eux qui sont encore dans le collectif, parce que c’est souvent leur seul salut. Eux qui subissent les conséquences de notre voracité. N’est ce pas à ce banquet fou, dans ce confort total de l’esprit et de notre séant que nous avons quitté peut-être notre vrai développement ? Développement de nos relations humaines, de notre énergie collective au delà du creuset familial ?
Avez vous remarqué comme dans l’adversité ou la grande difficulté on s’unit plus facilement. Ne sommes nous pas en difficulté face à une grande adversité si on en croit les experts en climatique du GIEC ?
C’est donc sur notre nature profonde que nous devons nous interroger, et sur ce qui est vraiment essentiel, vital. Sur notre mode de vie, notre société. Sommes nous prêts à renoncer à certaines choses matérielles ? Combien ? Lesquelles ? Durablement. Ou après moi le déluge !
Alors ne blâmons pas trop nos femmes et nos hommes politiques. Ils sont comme nous. Passons noël ou la fin d’année ensemble quelque soit nos rites, nos religions ou nos races. Plus que jamais si nous voulons vraiment sauver notre vie sur Terre, ce qui est moins hypocrite et prétentieux que d’annoncer le sauvetage de la planète unissons nous et tentons ensemble d’avancer. De réfléchir. De comprendre. De soutenir ceux qui essaient. De construire ensemble les solutions. Si nous le voulons vraiment.
C’est cette humanité qui nous sauvera et ceux qui ne l’ont pas encore perdu sur la planète et que nous prenons en otage aussi. Ce sont souvent les plus pauvres, nous leurs devons bien ça. Pour un grand Noël qui dure ! Tout est toujours possible ! Même de repasser de l’individuel au collectif. C’est une nouvelle phase de notre adaptation à notre environnement qui s’ouvre.
P.S.: Tant que je vous tiens, pour les amateurs de photos noir et blanc de notre belle planète, je viens d’inaugurer hier une nouvelle exposition de « Nuit polaire, la poésie de l’Arctique » à la galerie Premier regard 10, rue Humblot 75015 Paris. Vous avez jusqu’au 16 janvier.