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Journal de bord

03 Déc 1995

Samedi 9 décembre 1995

Aujourd’hui on a de l’air. Le stock de provisions continue de descendre et il faut commencer à faire preuve d’imagination pour confectionner des repas sympas.
A force de raguer, la drisse de génois a encore cassé, mais cette fois pas de réparation possible alors on marche sous trinquette. On perd donc de la vitesse.
L’ambiance est bonne. Didier lui n’est toujours pas en forme. Avec le vent qu’on a sous trinquette on arrivera au mieux mercredi prochain, le 13 décembre.
Grosse toilette sur le pont toujours à l‘eau de mer. On s’y est tous bien fait. Nouveau massage océanique à huit nœuds cette fois avec le baudrier en se faisant trainer par le bateau, c’est un vrai rituel, la grande récréation.

02 Déc 1995

Dimanche 10 décembre 1995

Du vent, il y a du bon vent. Il nous reste moins de 600 miles à parcourir jusqu’à la Marina du Bas du fort à Pointe-à-Pitre, arrivée de la transat.
Aujourd’hui, jour du seigneur. Nous avons retrouvé de la farine qui va nous permettre de faire du pain et de la pizza napolitaine. Il fait beau et chaud et nous pensons être à Pointe jeudi. Tutto va bene. Qu’est ce qu’elle était bonne cette pizza. La pizza la plus rapide jamais confectionnée à cet endroit nous filons à sept nœuds.
Finalement réparée, la drisse de génois continue de nous poser des problèmes avec ce vent arrière. Mais nous avançons toujours. Aujourd’hui nouvelle création culinaire : « les pâtes à l’atome ». Atome parce qu’elles ont une saveur atomique ces pâtes, la sauce est faite à base de… whisky. Il ne nous reste presque plus rien à becter, mais on se débrouille.

01 Déc 1995

Lundi 11 décembre 1995

Aujourd’hui, on trace, Pahi a sorti le grand braquet. Une grande journée. Une dorade coryphène s’est prise à l’un de nos hameçons. Elle fait à peu près 7 kilos. Un superbe poisson qu’il a fallu ramener avec beaucoup de délicatesse. Jusqu’au dernier moment il s’est débattu menaçant de casser la ligne. Sous l’eau il avait des reflets, bleu, vert, jaune.
Il a fallu ensuite tuer la bête qui se débattait avec beaucoup de force. D’abord, lui porter le coup de grâce. Ensuite la découper en tranche sur le pont.
On était tous plein de sang, un vrai film d’horreur. Le soir, nous l’avons mangé avec du thym. C’est comme un déjeuner d’adieu.
Nous sommes à 80 miles de l’arrivée et pensons être près de la côte sud-est de la Guadeloupe vers 20h. Nous affalerons la trinquette pour arriver au petit matin. Les vedettes d’accueil, les journalistes pourront ainsi immortaliser l’évènement.
A bord tout le monde est heureux, l’ambiance est tip top. Je commence déjà à regretter la haute-mer. Je m’y étais bien habitué, j’étais en harmonie.
Il va falloir retrouver maintenant la Terre et les hommes.