Dimanche 14 octobre 2007
Toujours pas facile de tenir ce journal. Belle soirée hier avec l’anniversaire de Sam, le chef mécanicien. Un vrai gueuleton à la clé : nems maison, glace maison, bœuf au oignons maison Marion made, un vrai régal. Et des gens pensent qu’on souffre !
Hier soir, après cette fête, la vaisselle a été l’occasion d’une franche partie de rires et délires entre Elie, Hervé et moi. Un peu grisé par le bourgogne et le cognac, le nettoyage de toutes ces assiettes, plats et couverts est devenu un énorme sketch bruyant où dans la conversation, les protagonistes mélangeaient français, italien et anglais.
La vaisselle a quand même duré une bonne heure. Toute cette bonne humeur était notre moyen à nous de nous accrocher pour mener à bien cette tâche.
Aujourd’hui, réveil général assez tardif pour tout le monde. La grass’mat’ dominicale a cours aussi en arctique. Légère gueule de bois générale.
Un peu plus corsée pour Hervé, Elie et moi : conférer la vaisselle de la veille.
Petit-déj’ rapidement suivi d’une collation. Le plat norvégien typique : saucisse purée. Très apprécié bien sûr par Audun, notre norvégien du bord !
Cet après-midi, l’événement, l’attraction, c’était la descente du tracteur russe du pont de Tara. Pendant plusieurs jours il avait fallu construire avec des drums vides et de la neige un pont pour permettre à la machine de retrouver la glace. Une construction pilotée par Audun.
Des poutres et des planches métalliques censées supporter au sommet de cette montagne de glace les trois tonnes de l’engin.
Bon signe, le moteur avait accepté de démarrer le matin. Pendant toute la journée d’hier, Sam avait chauffé et dégelé le corps du tracteur avec un heater, un ventilateur soufflant de l’air chaud.
Une fois le plat national norvégien englouti par les dix convives, tout le monde s’est retrouvé sur la glace. Les uns avec des appareils photos, les autres, (ma pomme !) avec une caméra au poing pour immortaliser la manœuvre.
Sam s’est mis aux commandes de ce tracteur rustique qu’il n’avait jamais conduit. Après avoir trouvé la marche avant et la marche arrière, entre deux rires, le tracteur était retenu vers l’avant et vers l’arrière par des bouts au cas où il prendrait brutalement une direction pas souhaitée, Sam l’a progressivement descendu du pont de Tara. Avec une grande précaution. Au cas où les choses se passeraient mal, il avait enfilé un baudrier attaché à une drisse, un siège éjectable artisanal.
Le tracteur a tout doucement glissé hors du bateau sans encombre. Sam a levé les bras en signe de victoire. C’était drôle. Après le léger stress de la descente, un moment de détente s’improvisait. À tour de rôle la plupart des équipiers ont pris les commandes. Certains ne sachant plus l’arrêter, d’autres pétrifiés de peur, d’autres le manipulant correctement. Une belle récréation.
Ce soir, le rituel banhā a commencé à partir de 17H. Un bon moyen de vider la fatigue et de se détendre avant une nouvelle semaine qui sera certainement marquée par une progression de la nuit.
Nous entamons la deuxième quinzaine d’octobre. Selon Grant, on pourrait voir déjà des aurores boréales. Les étoiles ont en tout cas déjà fait leur apparition dans la voute céleste. Peut-être reverra-t-on un ours ces prochains jours ?
Le premier vu cette semaine a fait une apparition furtive, avant d’être pris en chasse par Zagrey. Ce qui est sûr, c’est que les chiens sentent des traces en ce moment. Ils ont fait une belle escapade hier, peut-être sur les traces du fugitif.
Apparemment, il pourrait y avoir aussi des animaux marins qui sont sous la glace car Zagrey aboie souvent au dessus des leads (les cassures dans la banquise). Là où peuvent sortir pour respirer des phoques, par exemple.