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Mardi 18 décembre 2007

Mardi 18 décembre 2007

Il y a comme qui dirait de la tension dans l’air à bord de Tara. D’abord parce que les activités scientifiques sont stoppées. Plus d’océanographie, uniquement des capteurs pour mesurer l’ozone.
Ça réduit considérablement la charge de travail et a pour conséquence aussi de ne pas fatiguer assez les hommes. On a moins d’appétit, on tourne un peu en rond en général.
Je reste actif avec soit des prises de vues caméra, soit de la photo. En ce moment, j’écris moins, il faut dire que c’est le statu quo total : on est à une quarantaine de kilomètres de l’eau libre, mais Tara ne semble pas prêt à quitter la glace. Comme pour prolonger notre plaisir.
Serons nous à Longyearbyen ( Iles Spitzberg) dans une semaine ou un mois ?
Personne ne peut le sait. Belle leçon pour une expédition scientifique. C’est la nature qui de manière encore plus apparente ici, décide de notre destin.
L’ambiance est donc un peu électrique en ce moment, je me suis personnellement un peu échauffé avec une personne du bord. J’estime qu’elle me prend vraiment pour un con. J’en ai marre qu’on traite mon métier et donc moi, de charlot.
Je ne suis pas un charlot, je suis un professionnel. Je ne prends pas les gens pour des marionnettes, et je ne fais pas dans le spectaculaire. La réalité me suffit. Je suis fatigué de tous ces poncifs.
Avec les autres, ça va plutôt bien avec des hauts et des bas. Les relations humaines classiques. Donc, sur dix personnes, je ne m’entends vraiment pas avec une. J’ai de la chance je trouve avec ce score. Mais je sens bien qu’il faut que nous sortions assez vite de la glace maintenant. L’inactivité mine les esprits.
Aujourd’hui, je suis monté à la deuxième barre de flèche du grand mât de Tara. Un réel effort pour lutter contre cette peur qui me tétanise quand je suis en hauteur. Ce n’est vraiment plus mon truc. Cette envolée a d’ailleurs permis de belles prises de vue en noir et blanc. J’avais installé des projos de télé sur le pont. Ils éclairaient dans la nuit, la glace.
Ce soir le vent est là. C’était bien de faire ça avant cette tempête qui arrive. Peut-être que dans quelques heures nous aurons quitté la glace, alors pas de regrets, c’est fait.
Si nous sortons d’ici la fin du mois, nous devrions être à Lorient pour le 2 février, c’est la date de retour officielle.
Côté perso, la réflexion suit son cours. Ce que j’aimerais à l’avenir, c’est pouvoir travailler à mon propre compte. Je crois que la photographie, l’écriture, la réalisation, ce cocktail peut-être l’étape professionnelle suivante. On dirait que ça se précise.
En attendant, on vient de me proposer ce soir de faire le père noël pour les fêtes sur Tara. Un job à saisir tout de suite ! 41 ans bientôt et père noël de Tara. Je suis vraiment sur la bonne voie !

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