Mardi 2 octobre 2007
Les jours raccourcissent de plus en plus. On sent que la grande nuit approche. Je finis mon quart, il est 7H30 du matin, je viens de préparer café et thé pour ceux qui vont se lever. Elie est tombée du lit pour apprendre encore plus le français, elle est vraiment très motivée.
Cette partie de quart n’est pas désagréable non plus. Il faut dire que Hervé (Bourmaud) le capitaine et co-équipier de quart, a fini le sien à 4h00 au lieu de 3H00. Une heure de moins pour moi, ça change pas mal les choses.
Il a eu des soucis avec la charge de la batterie, et du coup il a été obligé de remettre en marche le groupe. Déjà que Sam et Hervé ont des soucis pour raccorder la pompe de kérosène, ceci aurait pour conséquence d’amener une surconsommation de gas-oil. La gestion des stocks, si aucune solution n’est trouvée, peut donc s’avérer délicate si la dérive se prolongeait. Pour la première fois, je crois avoir entendu la glace bougée autour de ma couchette, ça grinçait. On verra dans quelques jours quand la glace craquera vraiment si c’était ça.
Hier, alors que la tempête annoncée passait au dessus de nous, l’un des grands jeux du jour a consisté en des paris. Des paris sur la sortie des glaces, la fin de la dérive. Audun s’est livré avec Hervé (le Goff) baptisé « Astérix », (c’est parce qu’il est roux avec une moustache type gauloise fournie, elle rappelle le petit homme à l’œil pétillant et à la célèbre potion magique), à de savants calculs.
Le résultat était qu’il reste actuellement à Tara et à son équipage 107 jours pour boucler son aventure dans le désert blanc. Bref, les paris sont ouverts. S’agira-t-il de mi-janvier comme le prédisent Audun et Asterix, ou au contraire de la mi-novembre selon les autres courants, plus pessimistes, « wait and see ».
Pour l’instant tout la monde a surtout une envie, c’est en tout cas ce qui se dit dans le carré, prolonger l’aventure au maximum.
Peu de temps après mon début de quart, j’ai réussi à faire mon premier yoga. Ça s’est pas mal passé. J’ai réussi à trouver une place à peu près confortable dans le carré près de la cuisine. J’ai mis mes petits baffles au sol avec mon tapis, et mis à part un « asana », une posture, j’ai réussi à faire ce que je fais en France. Malgré le bruit du générateur, malgré le peu de place, j’ai réussi à me concentrer. Sans réveiller, c’est l’essentiel, les neuf autres personnes endormies dans le ventre du bateau.
Je renouvellerai à chaque quart. Finalement, ce quart est un peu plus fatiguant parce qu’il coupe vraiment la nuit, mais je pense qu’on peut y faire des choses qu’on ne peut pas faire au précédent. C’est comme toute chose ou tout être, les bons et les mauvais côtés vont ensemble.
Normalement aujourd’hui, on devrait assister à la fin de la dépression. Une journée de plus plutôt décontracte, à moins que de nouvelles données ou évènements n’interviennent. Le vent a quand même considérablement baissé.
En discutant au petit-déj’ avec Astérix, une idée s’est précisée. Comme j’y avais pensé depuis quelques mois, j’ai décidé que je ferais un reportage noir et blanc sur la nuit polaire. Avec le reflex argentique du bord. Ça devrait être intéressant de jouer avec la nuit, les lumières artificielles, les visages, les ambiances, les contrastes….etc.
Ça me plaît beaucoup cette idée. La vidéo ce sera pour les couleurs. La photo pour le noir et blanc. Ca se précise !