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Vendredi 14 décembre 2007

Vendredi 14 décembre 2007

Aujourd’hui, alors que je me suis peut-être cassé le petit doigt du pied gauche, j’ai compris une nouvelle chose. La vie est trop belle et rien ne sert de se la pourrir avec des jalousies. Je sais que je suis un bon journaliste, un bon professionnel.
Ce n’est pas une poussée de prétention, ce sont les autres qui me le disent, soit par leurs encouragements, soit par leur jalousie.
Je me dois de me servir de ce talent. D’abord parce que ça m ‘apporte une joie immense, ensuite parce que depuis quinze ans ça me permet de vivre, de me loger, de manger à ma faim. Il ne faut pas avoir honte de ce qu’on a de bon, de ses compétences, bien au contraire.
C’est en plus le meilleur moyen d’assumer le mauvais, ses défauts, il ne faut pas s’en cacher. En un mot, pas le choix : il faut essayer de s’accepter tel qu’on est. Même si on ne ressemble pas à ce qu’on imaginait, à ce dont on rêvait.
Mais les qualités, les dons, il est essentiel de s’en servir et de les développer. Je suis un homme indépendant, je ne suis sous la coupe de personne. Le chemin que j’ai parcouru jusqu’à présent je ne le dois qu’à moi.
Je suis déjà tombé mais je me suis relevé. Je retomberais peut-être.
Mais je peux me regarder dans une glace (de banquise !). Je n’ai pas tué, je n’ai pas commis de crimes ou de délits majeurs. J’ai fait du mal bien sûr, mais aussi du bien.
Je ne suis pas un saint. Mais je sais respecter et apprécier la générosité, l’honnêteté, la tolérance. Ce sont des valeurs qui me font croire en la vie.
41 ans bientôt. Une nouvelle période de ma vie s’ouvre et je veux qu’elle soit agréable. Bien vivre. Ne pas rentrer en conflit avec ceux qui vous jalousent. Se défendre quand c’est nécessaire, mais toujours se faire fort de respecter les autres. Essayer de rester juste pour avoir la paix, parce que c’est aussi leur faire trop d’honneur que de perdre du temps avec ceux qui vous haïssent.
Allier aussi la passion de raconter, d’admirer, de capturer la réalité avec une rencontre et peut-être une vie de famille. Compliqué, mais pourquoi pas !?
Pour cela je dois rencontrer une femme qui aime mes qualités et supporte mes défauts. Qui aime ce vent de liberté qui soufflera toujours dans ma tête. C’est mon ADN, une question de survie.
L’aventure humaine continue à bord de Tara. Supporter ceux que j’apprécie peu tout en restant ouvert et pas en guerre et, profiter au maximum des autres. Savoir dire non, s’opposer sans être en guerre. Répondre quand c’est nécessaire, ne jamais tomber dans la facilité, le raccourci intellectuel, le j’accuse sans savoir. La vindicte populaire ou pas. De toute façon, la haine facile et grossière. Bref, au quotidien ici, c’est une grande école de vivre ensemble. Il était temps de pouvoir profiter d’un tel stage !
La vie est belle. Je suis heureux d’être venu ici pour vivre une très grande aventure et avoir l’impression tout simplement de vivre ma vie. Je ne veux plus avoir l’impression de vivre ma vie en pointillés, par épisode espacé.
Tous les jours, j’apprends d’apprendre à mieux vivre. Ne rien devoir, rester libre faire par soi-même, partager et profiter des relations avec les autres.
Écouter, vibrer, boire et s’enrichir toujours plus de cet alcool qu’on appelle la vie.
Je me fous qu’un jour ce journal de bord soit publié ou pas, ça n’a pas d’intérêt. Je voudrais simplement qu’il soit lu par des gens que j’aime et même des gens qui ne me connaissent pas. J’aurai raconté des choses intimes sans censure. Essayer d’expliquer un peu mieux qui je suis. Avec mes défauts et mes qualités. Je suis un fou de la vie, fou de vie. Un passionné comme mon père.
Mais au fait où en est Tara ? Je ne parle que de moi. Tara a quitté cette semaine pour la deuxième fois sa gangue de glace. Pas vraiment comme la première fois d’ailleurs. Cette fois la glace s’est beaucoup plus cassée, comme un vrai miroir.
Et Tara est ce vendredi soir libéré de son étau blanc. Je crois qu’on va savoir sous peu avec ces vents de sud-ouest annoncés si on rentre à la maison ou pas.
Je ne suis pas pressé. Retrouver la France en plein bras de fer syndicalo-sarkozien. Ce n’est pas particulièrement épanouissant.
Et ma vie à Orléans ? Il va falloir faire des choix je crois. Aucun intérêt de continuer dans cette solitude submergée de travail qui m’épuise. C’est comme quelqu’un qui brûle sa vie pour ne pas avoir à trop se poser de questions. Certes, le boulot est intéressant avec un salaire amplement mérité mais correct, une belle maison.
Mais tout ça n’est que matériel. Je ne ressens pas de vraies, bonnes, vibrations comme ici. Réflexions à mener. Qu’est ce que j’ai bien fait de venir sur la banquise. Et ça je le dois aussi à mon employeur qui me permet ça. A penser. A méditer.
Avec toute cette cassure du pack aujourd’hui, notre espace de jeu s’est considérablement réduit.
Mais sur le plan perso c’est de plus en plus clair, la dérive arctique pendant la nuit polaire c’est avant tout une aventure intérieure. Humaine et intérieure.
C ‘est ça le cadeau de cette exploration. Un moment unique de recul, loin du tumulte d’une société toujours en quête d’elle même. De nouvelles idées, des valeurs retrouvées. Un peu d’analyse, de réflexion, de méditation grâce à cet isolement. Mais on ne peut pas vivre toujours sur la banquise ! On n’est que de passage ici.
Je pense actuellement à tous ceux qui m’ont précédé et se sont battus pour me faire vivre, et aussi me transmettre des idées. Mon père, mon grand-père maternel ont particulièrement réussi cette transmission, chacun à leur manière. Juliette, ma grand-mère maternelle aussi. Ma mère. Quelle qu’ait été mon enfance, m
erci à eux.
Mon pote Rafaele Ranieri aussi. Les deux Vincent : Gollain et Mounier également. Ce sont de vraies personnes généreuses, entières. Ils existent. Jacques Cassard et Marie-Claude Desnier, mes cousins à la mode de Bretagne. Mes sœurs, Julie et Charlotte et leur mère, Françoise. La famille Michel Ortolan. Nicole, Aimée et Maxime Dalbrut.
Merci à vous tous et à ceux que je n’ai pas cités, je suis là grâce à vous. À votre soutien sans failles (de glace !). Je n’oublie pas Anne Juret, mon mentor pour le yoga et le zen.
Profitons encore de ces moments de dérive pour apprendre à vivre avec les autres et réfléchir à ce que je veux faire de ma vie après. Pour l’instant, je pose la plume et dodo.

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