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Scoresby

Côte est du Groenland, on se situe à 3.000 kilomètres de Paris.
Par 70° de latitude nord se niche un fjord géant : le Scoresby Sund. Il n’y a pas d’arbres ici, on est dans le cercle polaire arctique.
Les rares végétaux qui poussent sont des mousses et des lichens. Avec la connaissance qu’ils ont de leur terre, les inuit trouvent dans cette toundra estivale quelques baies comestibles.
Le Scoresby est le royaume des ours blancs, des phoques, des bœufs musqués et de quelques hommes. Cette véritable mer intérieure fait deux cent soixante kilomètres de long pour une soixantaine au point le plus large.
Pendant le mois d’août 2015, j’ai eu la chance de vivre un mois à son embouchure, sur sa rive nord. Créée officiellement en 1925 par les danois, Ittoqqortoormiit est une ville très isolée de 400 âmes, sans aéroport pour l’instant. On s’y rend uniquement en bateau ou en hélico.
Avec sa faune abondante, c’est un haut lieu de la chasse au Groenland. Les prises, narvals et phoques, y sont encore un moyen de subsistance à part entière.
Mais le quotidien des chasseurs professionnels est de plus en plus précaire et aléatoire. Ils font les frais, entre autre, du dérèglement climatique qui perturbe leur écosystème.
Observer jour après jour, au rythme des anticyclones et dépressions, les lumières et couleurs exceptionnelles dont se pare ce fjord, fut un enchantement.
Je n’avais jamais vu encore dans un même lieu une telle variété de scènes toutes plus picturales les unes que les autres, un tel terrain d’inspiration.
Que ce soit le matin, le soir, en milieu de journée, presque à chaque instant de nouvelles images surgissaient : belles, puissantes, pures, envoûtantes, sans fard, comme les habitants de cette ville.

Ce travail photographique s’inscrit dans un projet multidisciplinaire beaucoup plus vaste : Greenlandia.